Le fait du jour : Pour la première fois, ménages et entreprises paieront plus de 1 000 Milliards € de prélèvements l’an prochain. La facture s’est alourdie de 95 Milliards € depuis 2012.
À qui profite l’accalmie fiscale tant vantée par le gouvernement? Aux entreprises beaucoup plus qu’aux ménages. C’est, en tout cas, ce que conclut une récente analyse de l’Observatoire français
des conjonctures économiques, un organisme indépendant de recherche. Dans un travail daté de la fin de l’année dernière, deux économistes, Mathieu Plane et Raul Sampognaro, ont reconstitué les efforts faits depuis 2010 pour combler les déficits publics, en distinguant les prélèvements supportés par les entreprises de ceux financés par les ménages. Ils distinguent deux périodes. « Les
taux de prélèvements augmentent fortement sur la période 2010-2013, représentant une hausse de 3,7 points de PIB, dont 2,4 points portent sur les ménages et 1,3 point sur les entreprises», écrivent-ils. Avant de préciser : «Sur cette période, l’austérité fiscale a porté de façon relativement équilibrée sur les ménages et les entreprises, les deux connaissant une hausse de leur fiscalité plus ou moins proportionnelle à leur poids respectif dans les taux de prélèvements obligatoires. »
Mais, à partir de 2014, changement de direction. La montée en puissance de dispositifs en faveur des entreprises tels que le CICE et les baisses de cotisations sociales du pacte de responsabilité
rebattent complètement les cartes. Car, petite subtilité, cet effort en faveur des entreprises a été financé par une baisse des dépenses publiques et une hausse des prélèvements sur les ménages
telle que la hausse de la TVA du 1er janvier 2014 et un alourdissement de la fiscalité écologique. Pourtant, avec l’arrivée du gouvernement Valls, dès le milieu de l’année 2014, le gouvernement communique sur la baisse de l’impôt sur le revenu. Le hic, c’est que, malgré la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu, les ménages ont subi une nouvelle hausse de 4,5 Mds€
de prélèvements (plus de taxes sur les énergies, etc.). Des hausses d’ailleurs pas toutes décidées par le gouvernement, à l’image de la progression des impôts locaux. «La baisse de l’impôt sur le revenu en 2015 et 2016 ne permet pas de compenser la hausse des autres mesures fiscales et semble bien faible au regard du choc fiscal subi par les ménages depuis 2010 », tranchent les économistes de l’OFCE. Résultat, selon eux, « le taux de prélèvement obligatoire sur les ménages atteindrait un plus haut historique en 2016, à 28,3 % du PIB. A l’inverse, le taux sur les entreprises reviendrait en 2016 à 16,3 % du PIB, soit un niveau inférieur à celui d’avant la crise de 2008 ».
Source : Le Parisien